jerome peignot

 « Mon site sur Internet ?
 Mais tu veux rire ?
 J’ai 93 ans, tout de même ! »

 Jérôme Peignot
 (xjeromepeignot@free.frx)

 

 

 

 

 

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Portraits en miroir (Préface)

JÉRÔME PEIGNOT SE SOUVIENT,
par Jacques Sojcher

Sacré Jérôme, il en a connu des écrivains, des peintres, un compositeur et, même le temps d’une soirée, Lacan. Il se souvient. Il raconte. C’est tout à fait subjectif, ce sont des « portraits en miroir », mais aussi une traversée du vingtième siècle par un auteur juvénile de quatre-vingt-dix ans. Cela se lit comme un roman.

Aragon ouvre le bal, avec Elsa, en voiture – petite scène de ménage. Aragon terrassé de douleur à la mort de sa muse. Aragon en Pierrot lunaire à la fin de sa vie. Aragon dans son ambiguïté même…

La liste continue – c’est l’ordre alphabétique, pas chronologique. Barthes, chez lui, parle de l’amitié, qui serait la clé pour comprendre ses cours, ses livres, sa vie. François-Régis Bastide est né en 1926, comme Jérôme, qui le considère comme son jumeau. Au Masque et la plume, il l’engage, et Jérome devient, avec Polac, un des membres du trio. Toute une époque.

Bataille reçoit dans un bar le neveu de Laure, cette femme qu’il a tant aimée. Bataille ému jusqu’à la fragilité à l’écoute d’un passé toujours vivant qui le rapproche de Jérôme.

Cartier-Bresson, photographe de l’instant décisif que Jérôme suit sur le vif.

Cassandre qui a créé un caractère Peignot… qui ne portera jamais son nom, grand affichiste. Et aussi Cassandre, peintre moins connu que nous voyons dans son atelier au milieu de ses tableaux. Encore une découverte.

Cendrars, un ami de la maison, qui jouait avec Jérôme enfant et sa sœur. Cendrars qui lui confiera plus tard, chez Lipp, le secret de son Transsibérien.

Parfois, le portrait est chargé de mépris. Jérôme a quinze ans. Il voit Drieu la Rochelle attablé chez son père. Il ne sert pas la main à un collabo.

Une visite à l’appartement d’Éluard, résistant et grand poète de l’amour. L’auteur de Liberté lui confie que son poème aurait dû s’appeler Une Seule Pensée – celle de l’amour pour Nush et pour tous les hommes « sous le joug de la servitude ». Nous sommes physiquement là devant Éluard et Nush enlacés.

Comment faire le portrait de Leiris qui en a fait un si cruel et si beau de lui-même ? Une conversation sur l’autobiographie dans son bureau du Palais de Chaillot, puis dans son somptueux appartement du Quai des Grands-Augustin aux murs tapissés de Picasso.

Le parrain de Jérôme, André Lefèvre, est un collectionneur et surtout un grand découvreur. Chez lui, c’est un vrai musée : Picasso, Juan Gris, Braque, Modigliani, Fernand Léger. Sa passion de l’art est devenue sa création. C’est le portrait d’un homme hors du commun.

Jérôme rencontre Matisse. Il lui parle de leur myopie commune et de sa découverte : sans lunettes, la fusion avec le monde devient évidente. Matisse opine… et nous regardons ses tableaux comme des myopes.

À Aix-en-Provence, dans un bar, arrive Picasso qui rejoint quelques amis. Une anecdote : la rivalité amoureuse avec André Lefèvre, le parrain de Jérôme… Ce rappel entraîne un éclat de rire. Picasso, dans l’excès, toujours.

J’ai « sauté » la rencontre avec Colette dans son appartement du Palais-Royal, celle de Julien Gracq, son voisin de la rue de Grenelle, celle de Lacan en conférencier mondain… pour laisser au lecteur la surprise de la découverte.

Et François Mauriac, maigre, décharné, à la voix cassée, qui fait le panégyrique du style et de la vie de De Gaulle.

Bernard Noël et Jérôme traversent l’île de Symi, de part en part. Ils parlent de l’engagement de l’écriture, ils se taisent, surtout en marchant. Ils mangent des figues. Ils partagent l’amitié.

À l’université d’Harvard, en 1965 – la guerre du Vietnam dure toujours. Jérôme rencontre Kenzaburô Ôe, le futur prix Nobel japonais, un homme plein d’aménité, avec ses lunettes rondes et ses « petits pas sautillants ». Ensemble, ils vont apostropher l’ambassadeur américain qui justifie la guerre. Les rencontres de Jérôme ne seraient pas dues au hasard…

À Paris, chez Gallimard, dans le bureau de Paulhan, « l’éminence grise des lettres ». Conversation sur leurs migraines, que partage aussi Dominique Aury. Un portrait d’un homme affable… apparemment.

Et le récit d’une partie d’échecs avec Perec, inattendu, non ? Et une histoire de femme avec Poirot-Delpech… qui n’a pas le beau rôle.

Francis Poulenc était aussi un ami de la famille et un assidu des prestations de la mère de Jérôme, « une chanteuse de salon ». Beaucoup plus tard, il confie à Jérôme ses doutes. Il se sent à la traîne, pas de son temps. Il se voit comme un « arrangeur de poèmes ».

Valéry termine l’abécédaire. Dès qu’il l’a vue, Jérôme a eu « l’impression que la lumière entrait dans la pièce. » Récit de deux rencontres et d’un portrait en forme d’hommage.

Et si ce livre de souvenirs était un exercice d’admiration, d’amitié ou, une fois seulement, de rejet (le « sinistre » Drieu la Rochelle).

Et si c’était le fil d’Ariane de sa vie d’écrivain, au-delà des livres… dans le livre encore et toujours ?

Jacques Sojcher

PS. J’ai oublié le coup de téléphone de Jérôme à Charlie Chaplin. Décidément Jérôme a toutes les audaces.

peignot gai savoir de la mort

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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